Mardi le 15 octobre dernier, je finalisais mon article de blogue sans savoir quel sera mon prochain sujet. C’est souvent comme ça, je me laisse guider par les aléas de la vie, ouverte et réceptive à ce qui m’entoure.
Mercredi matin, ça m’est rentré dedans comme une tonne de briques! Sébastien Paré, chef cuisinier reconnu dans la région et mon ami depuis environ 5 ans, s’est éteint à l’âge de 48 ans.
48 ans!!
À ce jour, je ne suis pas encore absolument certaine de le réaliser.
J’ai une pensée pour sa fille Kelly-Anne, sa famille et ses amis. J’ai aussi une pensée pour la grande quantité de cuisiniers qu’il a pris sous son aile dans les bons et les moins bons moments. Il avait les aptitudes d’un travailleur de rue à force de les sortir de la marde. Il ne jugeait rien ni personne. Il était doté d’une écoute et d’une empathie légendaire et était toujours décidé à aller au front pour défendre les membres de son équipe comme le ferait un père pour ses enfants. Il était prêt à toute éventualité; aucun problème n’avait pas de solution avec Paré. Il aurait pu se plonger les mains dans friteuses ou se sacrifier une jambe s’il l’avait fallu; je sais qu’il l’aurait fait pour sauver la soirée, le mariage ou la face d’un de ses protégés.
Vous pouviez l’appeler à toute heures du jour ou de la nuit; il était toujours là. Que ce soit pour dépanner en cuisine, pour t’emmener prendre une bière ou pour te visiter à l’hôpital; tu pouvais compter sur Paré. À une certaine époque, gérant 3 cuisines en même temps, il devait se faire appeler 400 fois par jour et courir comme une poule pas de tête pour pallier aux absences. Est-ce qu’il s’en plaignait? Oui, constamment! Peut-être n’était-il pas pris au sérieux car la manie d’exagérer était très connue de Paré!
C’est probablement ce côté excessif, cette exagération qui a grandement contribué au succès du RockCafé. Cette façon de cuisiner, d’épater la galerie, de mélanger les saveurs, les textures; d’en mettre ben trop, toujours de façon surprenante et créative. Ça c’est Paré. Il a emmené l’établissement à devenir une référence à Saint-Georges en faisant ce qui ne s’était jamais fait, en sortant du cadre et en brisant les conventions existantes. C’était risqué certes, mais c’était bon! Ajoute à cela un cadre festif, des employés passionnés et des propriétaires impliqués; la recette est garante de succès!
Il était respecté par son équipe et les gens du milieu. Il imposait ce respect sans le demander. Son jugement était juste et cohérent. Une fois, il est venu observer ma gang en cuisine aux 5 Moulins. Jamais il n’est intervenu. Ils se sont assis en fin de soirée, une pinte à la main, en leur faisant part de ses observations. J’étais émue de voir ma gang l’écouter, boire ses paroles comme s’il détenait la vérité absolue. C’est le meilleur souvenir que j’ai avec Paré, un moment bienveillant, d’entraide et de partage.
Je doute qu’il était heureux les dernières années de sa vie. Secrètement, je pense qu’il aurait souhaité obtenir la reconnaissance tant méritée et que celle-ci ne s’est juste jamais présentée. Probablement était-il vraiment trop jeune pour obtenir des hommages, que sa carrière était loin d’être terminé et qu’il avait amplement le temps pour d’autres projets. Au fil des années, il semble avoir oublié de s’aider lui-même. Par orgueil peut-être. L’un de ses derniers textos disait que le mal est relatif à l’importance que tu lui apportes. Il n’a jamais été une priorité dans sa propre vie.

Il va rester pour moi un exemple de leadership engagé et coopératif. Pas ce genre de patron qu’on ne voit jamais, qui ne connaît pas le nom de ses employés et qui au final, s’intéresse davantage aux chiffres qu’à la satisfaction de ses clients. Il carburait au partage de connaissances, au perfectionnement et à faire évoluer son équipe. Il s’intéressait à toi, à ta vie et à te faire progresser; des aptitudes humaines qui se font rares aujourd’hui.
Le soir de son départ, La lune était pleine et impossible d’avoir une obscurité totale; comme s’il était là, en route pour son dernier voyage, et nous confirmant qu’il continuera d’en inspirer plusieurs.
Merci Paré
C’est la communauté de la famille de restauration qui est en deuil et qui ne peut s’empêcher de penser à ceux qui souffrent en silence et laissent un grand vide autour d’eux à leur départ. Salut M. Paré 🍷
Toujours triste de perdre quelqu'un d'important. Le souvenir de ces rencontres nous restent à jamais comme une belle vibration, à laquelle notre mémoire est infaillible. Respect.
Mes plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et à toute l’équipe des 5 Moulins. Il restera présent dans nos pensées et dans nos cœurs ❤️. Mario Lavoie , Disraeli.